Christian Boltanski, un souvenir ineffaçable.
L’artiste autodidacte, qui a œuvré toute sa vie contre « l’oubli et la disparition », nous a quittés le mardi 14 juillet 2021 à l’âge de 76 ans.
Christian Boltanski s’intéressait tout particulièrement à l’holocauste.
Qu’il s’agisse d’installations, de peintures ou de photographies, l’artiste cherchait à reconstituer des instants de vie.
Il utilisait divers objets, dépositaires de la mémoire, pour recréer l’histoire de personnes disparues. En faisant appel au souvenir, Boltanski s’interrogeait sur les notions de présence et d’absence.
On peut citer Réserve, Canada (1988), exposé au centre Pompidou, qui mettait en scène de multiples vêtements suspendus.
Quantité de tissus superposés : pas de vide, impossible de percevoir un seul morceau du mur qui les supporte.
Ces vêtements évoquent une forme de néant, comme si leurs anciens propriétaires rodaient aux alentours. L’absence, à travers ces objets appartenant à une « mythologie personnelle », se fait lourde.
On se prend à imaginer que ces vêtements exhalent encore le parfum de ceux qui les ont portés.
Une référence aux entrepôts que les nazis utilisaient pour stocker les objets personnels des déportés, et qui accentue l’émotion du spectateur lorsqu’il pénètre dans la pièce.
Son œuvre la plus marquante -en référence au génocide- restera sans doute La maison manquante (1990).
Pour cette installation dans l’ancien quartier juif de Berlin, Boltanski place des plaques commémoratives sur les murs mitoyens d’un immeuble détruit durant la guerre. Il y inscrit le nom des anciens habitants, leur profession et la date de leur départ (presque systématiquement l’année 1942).
Selon lui « Renommer un mort, c’est lui forger une identité ». Ce geste est donc essentiel pour celui qui participe à lutter contre la déshumanisation et permet d’entretenir le souvenir.
En s’attachant à l’histoire de plusieurs individus, Boltanski participe à l’Histoire et entretient la mémoire collective.
Une somme de petites histoires construisant la « grande ».
C’est en voulant empêcher le monde d’oublier que des artistes comme Christian Boltanski s’impriment irrémédiablement dans nos mémoires.